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't Groot Moerhof

Au travers des siècles, cette ferme, proportionnellement très vaste, a appartenu à l'Abbaye des Dunes, avant d'être vendue, en 1795 et à la suite de la sécularisation des propriétés cléricales par les révolutionnaires français, en tant que « bien noir » et de tomber ainsi dans l'escarcelle d'un propriétaire privé.

À la fin du 18ème siècle, le concessionnaire de l'époque a fait ériger, dans le cadre de travaux d'assèchement, un tronçon de digue flanqué de part et d'autre d'un fossé. Cette ligne constitue en définitive la frontière actuelle et qui, à l'époque hollandaise, avait été reconnue comme la véritable frontière nationale. C'est pourquoi, de nos jours, la frontière entre la France et la Belgique passe encore par la Grote Moerhof. Au sens littéral du terme, car la ligne de démarcation entre les deux pays traverse tout le domaine, au travers du chenil, entrant dans la bâtisse par la porte d'entrée et en sortant par la porte arrière.
Cet emplacement était assorti de nombreuses facilités pour les divers propriétaires. C’est ainsi que le corps de logis compte deux caves ; la cave française était utilisée pour stocker le vin, alors que si les hôtes souhaitaient un morceau de fromage, il leur suffisait d'emprunter le même couloir et, la bouteille de vin en main, de « traverser la frontière » vers l'autre cave, où se trouvaient, en territoire belge, les boules de fromage…

Il ne fait aucun doute que les principaux avantages liés à la Grote Moerhof étaient les inépuisables possibilités de contrebande.
Une servitude séculaire stipulait par ailleurs que les portes de l'habitation ne pouvaient jamais être verrouillées, de sorte que le Bras de la loi pouvait toujours y entrer sans entrave pour y débusquer les éventuels bandits. Des rumeurs nous apprennent que les douaniers y étaient toujours reçus très chaleureusement. Dans la « meilleure pièce » planait un épais nuage de fumée produit par les gros cigares et l'atmosphère était emplie de relents de boissons alcoolisées, lesquelles étaient bien évidemment offertes par l'habitant en échange de la complaisance des clients en uniforme.